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  • En forgeant, on devient écrivain ?

    Sans filtre et sans chiqué Si c'est en forgeant qu'on devient forgeron, est-ce en écrivant qu’on devient écrivain ? Ecrivain : un mot tellement lourd que la légitimité m’en pèse. Un jour vient peut-être le temps de la création et de l’action à poser avant d’être aspiré par le néant. Ce temps est-t-il venu ? Le moment de forcer ma propension à repousser les échéances comme si le temps n’existait pas. D’ailleurs, existe-t-il ? Kronos m’a déjà joué quelques tours… J’ai fait des tas de choses, pour gagner ma vie entre autres, écrire, bien-sûr. « Gagner » sa vie ! Drôle de terme pour désigner les subsides reçus en échange de tâches et missions pour la plupart ordinaires et décevantes que l’on m’a confiées. J’ai beaucoup couché de mots sur le papier, mais le papier n’existe plus que pour l' impression, quant à les coucher, il faudrait qu'ils soient plus sages et obéissants. La plume qui court sur le papier est une image devenue désuète et mes pauvres doigts gourds ne sont plus bien agiles dans l’exercice. J'ai appris à écrire avec une plume Sergent-Major fichée au bout d’un porte plume, assise à un pupitre percé d'un petit trou pour y accueillir un encrier de verre. Plusieurs fois par jour, un élève avait pour mission de les remplir sans les faire déborder. J'aimais quand c'était mon tour. C’était une vraie responsabilité assignée à qui serait digne de la confiance accordée. Il y avait beaucoup d’aspirants et il était très rare que l’impétrant ne s’acquitte pas parfaitement de sa tâche. Il y mettait de la gravité et du sérieux, la fierté du devoir bien accompli suffisait alors à la satisfaction. Aujourd’hui j’écris sur mon clavier d'ordinateur et je n’ai jamais réussi à y convoquer tous mes doigts. Pour le contenu, si les mots se refusent parfois, c'est que je n'ai pas encore trouvé le bon appât, je continue pourtant ... "Un homme, ça s'oblige" disait le père de Camus !

  • Au commencement était Pétrichor

    La vie nous échappe parfois. Elle semble se dérouler ici ou là sur l’envers de notre partition, en projection d’un réel auquel nous n’avons pas toujours accès. Ce matin, sept heures, ponctuées par le chant d’un coq voisin me donnent à respirer un air serein de cœur d'été. Une petite pluie nous a abandonné sa note rafraîchissante lavée des traces d’insomnie et des brumes de la nuit. Je hume le parfum réjouissant d’une odeur de terre mouillée et je sens qu’il se passe quelque chose. La vie me sonne en me rendant un mot qui me tient par le bout du nez et en appellera d'autres : pétrichor, le bien nommé, vient de me réveiller. La lymphe de mes mots pétrifiés s’est remise à couler. Une amie m’a dit récemment « Écris ! Tous les jours, écris ! ». Comment lui avouer que j’avais oublié la soif de dire ? La sensation des mots m’avait quittée, leur désir tari ne me nourrissait plus. Ils me sont revenus ce matin à la faveur de pétrichor qui a dissous le caillot. Rangées là où je les avais laissées, les lettres se sont sagement alignées, remontant ma mémoire par les narines, jouant les clés de pendule pendant que je regardais dans une autre direction sans oser respirer, de peur de les faire fuir. Ma bulle, intacte, précieuse se reforme et me voilà aussi à l’aise au milieu de ce vocabulaire que mon petit-fils à naître dans le ventre de sa mère. J’imagine un placenta de voyelles et consonnes aux sons feutrés comme des pas sur l’épaisse moquette d’un palace de bord de lac. « Au commencement était le Verbe … », m’en revoilà certaine. Seulement, Le Verbe ne se force pas, il survient par épiphanie et le reste est littérature… Dès qu’il soupçonne une intention, il se planque et porte un regard narquois, indifférent aux vains efforts du tapage marqueté, du verbatim marchandé. Vous pouvez seulement apprendre comment obtenir une littérature de bazar pour tête de gondole, petit bois de chauffe pour loisirs organisés, de quoi aller jusqu’au festival du livre de Palavas Les-Flots. Pour le reste, c’est lui qui décidera où et quand vous pourrez vous abreuver à sa source.

  • B.a.-ba de l'être

    Être, décalés, en marge, à l'étroit dans leur Soi. Préférer les sentiers qui ne mènent nulle part. Être, sans but, sans vision, résolument, Être, Dans la vie, simplement. Sans chercher, vouloir Autre, Intensément, toujours. Autre : Beau, Autre : Amour, Autre : Bon, Autre : Absolu, B.a. - ba, obstinément, Être, absurdes, ridicules, debout et vrais, Être, vivants !

  • Citations : guillemets ou guenilles

    Étrange habitude que de faire parler les autres à notre place, parfois en ressuscitant les morts. Des milliers de citations transitent dans le métavers et d’innombrables vers voyagent entre guillemets, nobles guenilles, pour cacher l’indigence de notre propre pensée. Le recours à la citation est peut-être une consolation, mais, ne nous voilons pas la face, cela reste un générique ! Chaque fois que nous préférons la forme au fond, l’effet produit et la légitimité de la reconnaissance à l’authenticité de la vérité brute, nous trahissons notre pensée. La formule consensuelle a le double avantage de nous permettre d'éviter le débat et de nous faire gagner en audience. Trop souvent nous succombons à cette facilité.

  • Délicatesse

    Si on me demandait quel mot je préfère, j'hésiterais sans doute entre quelques-uns, mais celui-ci figurerait en bonne place dans mon palmarès : Délicatesse... Désuet, il a un parfum discret, il sent l'effacement choisi, le subtil, le sensible, le léger, l'inutile aussi, sans autre utilité que la recherche du bien-faire, du soin apporté aux petites choses. Il évoque la grâce des gestes pleins de retenue, la justesse et la pudeur des silences, les pensées tenues pour soi, loin du tapage, loin de l'image. Ce mot me fait penser à l'héroïne de "L'odeur de la papaye verte". Il me rappelle aussi les sentiments enfouis au plus profond, dans le secret de l'intimité de notre âme. Il nous renvoie aux choses minuscules qui constituent la plus belle partie de nous, de notre humanité, et que nous n'osons montrer alors que nous n'hésitons pas à exhiber nos seins et nos fesses et pire encore. Ces choses menues ne font pas d'audience dans le mauvais calcul de notre audimat personnel. Le nombre a devancé la qualité, la rendant dérisoire. La délicatesse est belle parce qu'elle se moque bien de l'effet produit !

  • Poésie, métalangage de l’invisible

    La poésie est façon d’être au monde, forme de regard sur la vie. Pas un filtre mièvre, mais un regard lucide qui dépèce et fouille les viscères de la vérité pour faire naître une épiphanie que chacun porte : le métalangage de l’indicible. C’est le ventre et le cœur associés en braconnage, et le cerveau en rut, pour donner à voir à l’âme qui dit l’essentiel : lumière et crachat, la couleur de l’amour avant la pesée des attentes le bruit du souffle de la vie, la mélodie de la lumière le pas poli, l’impudique, l’indéfini, l’impossible et l’inverse, le beau, le brut, le cru, le doux et l’impensable, le merveilleux, contenant de l’absolu, et l’autre, désenchantement mortel. Le poète ne l’est pas par ses mots, mais par les sens et tous les pores de la peau, par décision et parti-pris, avec foi. Le poète EST, devient, fait corps avec la poésie, dans un acte qui se suffit à lui même, un véritable acte d’amour. Il y a une forme d’obscénité dans la poésie. Le reste n’est qu’emballage et posture intellectuelle…

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