Chaque fois que le bout d'an pointe son museau, un peu plus défraîchi par le temps qui passe, c'est la ronde des vœux traditionnels, insipides et convenus.
Gavés de dîners lourds et arrosés, plus fatigués que de coutume, le moment n'est pas propice à une réflexion intelligente.
Précipitation absurde puisque la bienséance nous offre une session de rattrapage jusqu'au 31 janvier !
Je pose le contexte :
Je viens de lire "Le Meilleur des Mondes" d'Aldous Huxley. Je croyais l'avoir déjà lu et même étudié, mais surprise, j'en ai si souvent entendu parlé que j'ai dû m'en dispenser !
Ce n'est pas le premier chef-d'oeuvre dont je zappe le texte intégral, me contentant du résumé. Pépite sur la salade, je découvre goulûment "Le retour au Meilleur des Mondes" comme ces off des films qui révèlent des coulisses sans lesquelles le spectacle serait beaucoup moins complet.
Je recommence donc et tente à nouveau mes voeux :
(J'avais bien averti que je brouillonnais)
Je vous souhaite de ne jamais vivre dans le Meilleur des Mondes,
de nourrir des passions débridées sans le secours du "soma"*, mais avec un verre d'excellent vin,
de salir vos mains de terre, d'argile ou de peinture,
de danser les soirs de lune et les autres aussi,
d'écouter la voix éraillée, rocailleuse de Billie Holiday, sans goûter aux fruits étranges,
d'aimer à la folie, parce que c'est finalement l'unique façon de le faire,
de travailler sans relâche à votre œuvre personnelle et de pouvoir la partager,
de rire de tout sans avoir à vous justifier, et de ne pas courber l'échine devant plus con que vous...
Bonne année 2024 !
*Soma : sorte de drogue régulatrice de l'humeur distribuée en récompense aux citoyens du Meilleur des Mondes.