La vie nous échappe parfois. Elle semble se dérouler ici ou là sur l’envers de notre partition, en projection d’un réel auquel nous n’avons pas toujours accès.
Ce matin, sept heures, ponctuées par le chant d’un coq voisin me donnent à respirer un air serein de cœur d'été.
Une petite pluie nous a abandonné sa note rafraîchissante lavée des traces d’insomnie et des brumes de la nuit.
Je hume le parfum réjouissant d’une odeur de terre mouillée et je sens qu’il se passe quelque chose. La vie me sonne en me rendant un mot qui me tient par le bout du nez et en appellera d'autres : pétrichor, le bien nommé, vient de me réveiller. La lymphe de mes mots pétrifiés s’est remise à couler.
Une amie m’a dit récemment « Écris ! Tous les jours, écris ! ». Comment lui avouer que j’avais oublié la soif de dire ? La sensation des mots m’avait quittée, leur désir tari ne me nourrissait plus.
Ils me sont revenus ce matin à la faveur de pétrichor qui a dissous le caillot.
Rangées là où je les avais laissées, les lettres se sont sagement alignées, remontant ma mémoire par les narines, jouant les clés de pendule pendant que je regardais dans une autre direction sans oser respirer, de peur de les faire fuir.
Ma bulle, intacte, précieuse se reforme et me voilà aussi à l’aise au milieu de ce vocabulaire que mon petit-fils à naître dans le ventre de sa mère.
J’imagine un placenta de voyelles et consonnes aux sons feutrés comme des pas sur l’épaisse moquette d’un palace de bord de lac.
« Au commencement était le Verbe … », m’en revoilà certaine.
Seulement, Le Verbe ne se force pas, il survient par épiphanie et le reste est littérature… Dès qu’il soupçonne une intention, il se planque et porte un regard narquois, indifférent aux vains efforts du tapage marqueté, du verbatim marchandé.
Vous pouvez seulement apprendre comment obtenir une littérature de bazar pour tête de gondole, petit bois de chauffe pour loisirs organisés, de quoi aller jusqu’au festival du livre de Palavas Les-Flots.
Pour le reste, c’est lui qui décidera où et quand vous pourrez vous abreuver à sa source.
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